"Je n'attends rien de la présidentielle, les débats politiques sont stériles"
Il est midi sur le campus de Jussieu. Des groupes d’étudiants, sandwich en bouche, squattent en cette journée ensoleillée sur les marches de l’entrée principale de l’université Pierre-et-Marie-Curie à Paris. À quelques mètres, des jeunes du Front de Gauche distribuent des tracts. Célia, 22 ans, étudiante en master de biologie, s’apprête à aller retrouver ses amis pour déjeuner. L’élection présidentielle ne fait visiblement pas partie de ses préoccupations. "Je suis la campagne de loin. La politique ne m’intéresse pas vraiment. Je trouve les débats complètement stériles", explique-t-elle. Et la jeune femme d’ajouter dans un rire : "La politique a déserté Jussieu depuis longtemps !". Selon elle, même les élections étudiantes ne mobilisent pas les foules, alors l’élection présidentielle…
Le problème majeur pour les étudiants ? "Le logement !", répond sans hésiter Célia. "Moi, je vis chez mes parents, explique-t-elle, mais autour de moi il y a plein de gens qui galèrent. Les loyers sont hors de prix à Paris." La jeune femme poursuit : "Il y a beaucoup de choses qui doivent changer à l’université. Par exemple, il faut donner plus de bourses pour que les étudiants puissent partir à l’étranger". Et d’ajouter : "Il faudrait aussi supprimer la circulaire Guéant [circulaire qui durcit les conditions de passage du statut d'étudiant à celui de salarié pour les jeunes diplômés étrangers ndlr]. C’est complètement ridicule."
L’étudiante dénonce un système élitiste où les jeunes qui sortent de l’université sont complètement dévalorisés. "Quand on va à la fac, on est comme foutu d’avance ", déplore-t-elle.
Célia se destine à la recherche. "Mais il y a peu de bourses doctorales, explique-t-elle. C’est très sélectif. 30% des étudiants qui veulent faire une thèse peuvent effectivement en faire une." L’étudiante regrette que de moins en moins d’argent soit investi dans la recherche et que cet argent soit très mal réparti. "Les laboratoires d’excellence raflent tout l’argent au détriment de ceux qui sont moins prestigieux. Pourtant ils font avancer la science aussi, argumente-t-elle. La France a très bonne réputation jusqu’à présent dans la recherche mais tout ça va finir par se casser la figure." Célia doute que les hommes politiques puissent remédier à la situation. "Leurs propositions manquent de concret", juge-t-elle.
Quand on lui demande ce qu’elle ferait si elle était présidente, Célia hésite un long moment. "Je mettrais plus d’argent dans la santé, la recherche et l’éducation plutôt que dans la défense", répond-elle. Avant de dire dans un éclat de rire : "Ce n’est pas très original mais c’est la première chose qui me vient à l’esprit !".
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Crédit photo : Sophie Pilgrim
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